28/08/2011

Le cerveau politique


L'opinion politique dans le cerveau

Deux zones cérébrales différeraient chez les électeurs de gauche et de droite : l'amygdale cérébrale, impliquée dans la formation des émotions négatives, et le cortex cingulaire antérieur, qui intervient dans la détection des erreurs.
Par Sébastien Bohler pour le site Pour la science.fr

Pour en savoir plus

R. Kanai et al., in Current Biology, vol. 21, p. 677, 2011

L'auteur

Sébastien Bohler est journaliste àCerveau&Psycho
Selon une étude réalisée par des neurologues de l'Université de Londres, deux zones cérébrales différeraient chez les électeurs de gauche et ceux de droite. La première est l'amygdale cérébrale, une petite structure impliquée dans la formation des émotions, le plus souvent des émotions négatives (peur ou colère). Elle est plus volumineuse chez l'électorat conservateur, outre-Manche. La seconde est le cortex cingulaire antérieur, une zone située à l'interface des deux hémisphères cérébraux et qui intervient dans la détection des erreurs. Elle est plus volumineuse parmi l'électorat libéral, l'aile gauche britannique.
Que signifient ces découvertes ? La taille supérieure de l'amygdale chez les électeurs de droite suggère une propension plus élevée à ressentir de la peur et à réagir de façon agressive. C'est ce qui avait été préalablement mesuré par le neuropsychologue américain Jacob Vigil, lequel avait montré que la réaction de peur devant des visages menaçants est sensiblement plus marquée chez des conservateurs que chez des libéraux, et que les réactions agressives sont plus fréquentes chez les premiers en situation menaçante.
La taille du cortex cingulaire antérieur dans l'électorat de gauche s'interprète différemment. Le cortex cingulaire antérieur assure, entre autres fonctions, celle de détecter les changements et les erreurs de prédiction. Lorsque nous pensons rencontrer M. Durand et croisons M. Dupond, c'est le cortex cingulaire antérieur qui s'active et nous invite à adapter notre comportement en fonction de ce changement. Son augmentation chez les libéraux signalerait une tendance à s'adapter à la nouveauté. Ce qui surprend davantage dans cette étude, c'est que les différences de fonctionnement cérébral se traduisent par des différences structurelles, visibles en irm. Deux hypothèses sont possibles : soit les deux zones cérébrales concernées se développent différemment dès la naissance chez les électeurs des deux bords, en raison de facteurs génétiques, soit les choix politiques inhérents au parcours personnel de chacun finissent par forger les zones en question par le phénomène de plasticité cérébrale. Les deux mécanismes sont probablement à l'œuvre : environnement et constitution génétique interfèrent probablement pour produire le cerveau politique.
Dernier aspect surprenant : à l'aveugle, en prenant en compte uniquement les volumes de l'amygdale et du cortex cingulaire de leurs quelque 118 sujets, les neurologues ont su prédire presque trois fois sur quatre leur orientation politique. Ne serait-il pas intéressant de soumettre certains leaders politiques à une imagerie cérébrale, pour savoir vraiment de quel bord ils sont ?

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